L’égalité entre les femmes et les hommes
est trop souvent considérée comme acquise.
A fortiori dans la Fonction publique, on a l’illusion
que le statut général des fonctionnaires, statut
que nous défendons bien évidemment, serait une
garantie suffisante du respect de l’égalité entre
les femmes et les hommes.
Or il n’en est rien, en raison des stéréotypes
et des critères de gestion qui sont discriminants.
En 2015, 62% des agent.e.s de la Fonction
publique sont des femmes (46% dans le secteur
privé), mais les filières, corps et/ou cadres d’emplois
à prédominance féminine sont sous-valorisés, y
compris à qualification et diplôme égaux.
La liste des inégalités est longue: non-mixité
des métiers et des filières, plafonds et parois de
verre, précarisation des emplois à dominante féminine, recours accru à l’emploi non-titulaire, temps
partiel soi-disant choisi ou temps non-complet 1
très féminisé, régime indemnitaire inégalitaire,
rémunérations et retraites plus faibles, carrières
et avancements grignotés, etc.
Une approche spécifique s’impose, pour que
la CGT soit la CGT de tous et toutes les agent.e.s
de la Fonction publique, défendant l’employée,
comme la femme cadre de la Fonction publique. Employées, ouvrières, cadres ou techniciennes,
les femmes sont victimes de discriminations qui
s’expriment différemment.
INGÉNIEURES, CADRES, TECHNICIENNES,
CLASSÉES EN CATÉGORIES A ET B
Pour les ingénieures, cadres et techniciennes de
la Fonction publique (en 2015, elles représentent
64,1% des effectifs de la catégorie A et 55,6% de
la catégorie B), qui ont fait des études et atteint des
niveaux de diplômes inaccessibles à leurs aînées,
leur droit à vivre librement de leur travail, et en
tant que femme, s’est incontestablement amélioré
vis-à-vis des générations précédentes de femmes,
même si leur accès à tous les emplois cadres reste
limité, leurs carrières bloquées sous le plafond de
verre, certaines qualifications sous-estimées, et
leurs rémunérations bien inférieures à celles de
leurs homologues masculins.
FEMMES OUVRIÈRES ET EMPLOYÉES
CLASSÉES EN CATÉGORIE C
Pour les femmes moins qualifiées de la catégorie C
(en 2015, 63,2% sont des femmes), leur présent et
leur devenir se trouvent enfermés dans des emplois
à faible rémunération, sous-valorisés, sans aucune
perspective d’évolution où le poids de la hiérarchie
est toujours plus contraignant. Elles subissent plusieurs types de discriminations: flexibilité, précarité,
temps partiel ou temps non-complet. C’est une
« double peine » : non seulement, comme pour
toutes les femmes, les logiques de domination masculine pèsent tout particulièrement sur elles,
mais qui plus est, les formes d’exploitation économique, en lien avec la crise, ont renforcé les
risques de pauvreté et de précarité, sans parler
des conditions de travail difficiles (horaires décalés,
pénibilité, mobilité imposée…).
À ces inégalités au travail, s’ajoutent les inégalités
dans la vie, du fait d’une répartition des responsabilités familiales et domestiques déséquilibrée,
des violences sexistes et sexuelles ou encore
des stéréotypes. Ces inégalités dans la vie
et au travail interagissent entre elles, et
le monde du travail a des responsabilités
directes dans le maintien de ces inégalités.
Par exemple, si les femmes sont plus nombreuses
à prendre un congé parental, c’est du fait des
stéréotypes sur les rôles familiaux, mais aussi par
calcul économique pour que celui (dans une très
grande majorité des hommes) qui a le meilleur
salaire continue à alimenter les revenus du foyer.
De même, dépasser les horaires, notamment le
soir, est un « signal » positif pour l’encadrement
qui peut jouer dans la notation des agent.e.s, mais
est incompatible avec les contraintes familiales,
qui incombent en majorité aux femmes. Lutter
contre les inégalités salariales et contre le culte du
présentéisme constitue donc aussi un levier pour
favoriser l’égalité dans toute la société.
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