En ce début d’année, alors que
l’inquiétude monte dans les services et dans la Ville à l’approche d’une
« troisième vague épidémique », une campagne d’affichage vante
l’efficacité du Service Public, « bouclier face à la crise sanitaire »,
qui permet à la municipalité de s’affirmer « plus que jamais » au
côté de la population. Dans les rues, les panneaux d’affichage publics arborent
les visages d’une collègue de l’accueil, un animateur des centres de loisirs, un
jardinier, une aide à domicile qui s’occupe des personnes âgées, deux agents de
la voirie, une infirmière des centres de santé, deux médiatrices de la
tranquillité publique. Leurs visages illustrent une proximité et une présence
au quotidien qui, avec un dévouement sans faille, assurent la continuité du service
public en répondant aux différents besoins de la population.
Fier.e.s d’être
fonctionnaires, fier.e.s du Service Public… Oui, mais à quel prix ?
D’abord, faire office de
« bouclier sanitaire » a des conséquences sur nos santés. Dans
son dernier entretien publié dans le Nanterre-Info
de janvier 2021, le maire de Nanterre explique : « Cette
mobilisation se fait dans des conditions difficiles car le personnel communal
n’est pas épargné par l’épidémie. En octobre et novembre, pas moins
de 103 agents ont été contaminés et 267 considérés comme cas contacts ».
Soit un dixième des effectifs, sans compter les autres pathologies et les
impacts psychologiques, sociaux et relationnels de l’urgence sanitaire.
Il convient ici de reconnaitre
que, si nous sommes fier.e.s d’être fonctionnaires au service des publics, fier.e.s
de veiller sur l’espace commun et l’intérêt général, d’aider et d’accompagner les
habitants, nous ne sommes ni des mercenaires, ni des super-héros. Et que
nous sommes particulièrement fatigué.e.s d’être la cible constante de la
logique budgétaire qui cherche à faire des économies sur notre dos.
A ce propos, la cerise sur la
bûche angoissante de cette fin d’année a été remportée par la Chambre Régionale
des Comptes dont le rapport
d’observation sur les comptes et la gestion de la commune a été
largement relayé par les médias le jour de la Saint Sylvestre.
Comme à son habitude, la CRC cible
la sacro-sainte maitrise de la masse salariale en affirmant que « Nanterre
dispose encore d’importantes marges d’économies dans la gestion de ses
effectifs sous la forme de redéploiements de postes, par l’alignement de la
durée annuelle du travail des agents sur la durée réglementaire de 1 607
heures, l’économie potentielle étant de 3 M€ par an. […] la lutte contre
l’absentéisme représentant un enjeu annuel de 7,8 M€ ». En fait, la
logique budgétaire et la volonté gouvernementale de prendre pour modèle l’entreprise
privée pour la gestion future des ressources humaines de la Fonction Publique, conclut que les « boucliers
sanitaires » coûtent trop cher et qu’ils sont des gros paresseux… Quand on
veut tuer son chien, on l’accuse de la rage. Quand on veut en finir avec
l’emploi public, on dit qu’il coûte trop cher et qu’il n’est pas efficace.
Alors que la CRC souligne que
« Nanterre a vu sa population (95 000 habitants) augmenter en raison notamment
de l’accueil de 800 nouveaux logements par an depuis 2007 », elle note
par ailleurs : « Depuis 2016, la commune a stabilisé sa masse salariale
sous la barre des 120 M€. Cette stabilité n’a été possible qu’en réduisant
les effectifs de remplacement et en ne remplaçant pas une grande partie des 50
à 60 départs à la retraite annuels ». En fait, alors qu’ils sont nécessaires
pour faire face à l’augmentation des besoins de la population, le
dysfonctionnement des services dus aux postes vacants non remplacés, dénoncés
par la CGT depuis des années est tout simplement noté par la CRC avec un bon
point !
Dans la situation très troublée que nous traversons, avec des services malmenés, des personnels fatigués, et une augmentation des besoins de la population, nous affirmons que les projets de révision du temps de travail et de mise en place du RIFSEEP qui ont été présentés ce mardi 12 janvier aux organisations syndicales sont suicidaires. Nous revendiquons :
- Le report du dossier sur les 1607 heures avec une demande de positionnement politique sur le temps de travail. Pour rappel, une des revendications de la CGT, portée à l’échelon national est l’ouverture sans délai de négociations sur le passage aux 32 heures qui permettrait la création d’embauches massives sur le territoire.
- Le maintien du « Complément de Rémunération » bi-annuel en dehors de la mise en place du nouveau Régime Indemnitaire (RIFSEEP) puisque l’article 111 du 26 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique territoriale permet de maintenir des avantages acquis collectivement avant sa promulgation.
Nous appelons toutes et tous les collègues à participer aux réunions d’informations syndicales qui vont être organisées rapidement sur ces sujets.
Se donner les moyens de rebondir
Après ces longs mois de confinement, la lassitude est là et l’ampleur de la crise, l’accélération des attaques contre nos droits nous poussent, parfois, au pessimisme. Pourtant, il suffit d’ouvrir l’œil pour apercevoir, sur la carte de France, les points lumineux qui s’allument comme autant de mobilisations qui déchirent la croûte médiatique grisâtre du pouvoir. Et si la question à laquelle nous devions répondre était de relier ces points pour dessiner ce monde solidaire, juste et durable auquel nous aspirons ?
Malgré la crise sanitaire qui freine les rencontres et les échanges, nous sommes nombreuses et nombreux sur le terrain de l’urgence sociale, à créer des ponts entre celles et ceux qui allument des points d’espoir. C’est le moyen de construire le « monde d’après », libéré de la finance, et qui réponde aux enjeux sociaux et climatiques. Aujourd’hui, rien n’est joué, l’heure est à la mobilisation la plus large pour la défense de nos intérêts. Si vous souhaitez recevoir plus d’informations, vous syndiquer ou organiser une heure d’info syndicale dans votre service : CONTACTEZ la CGT au 06 07 58 36 21.
En espérant que vous avez passé d’excellentes fêtes de fin d’année, nous vous donnons rendez-vous en 2021 pour une année qui s’annonce déjà combative.
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