Communiqué CFDT - CGT - FO
Depuis le mardi 27 juin 2023, les grandes métropoles françaises et particulièrement la région Ile
de France sont confrontées à des violences urbaines. Ce phénomène d'explosion de
violences collectives se caractérise par des troubles à l'ordre public, la destruction de biens matériels et immeubles privés ou publics. Cela crée un inconfort important sur les personnes, qui peut avoir un impact négatif sur la
santé et qui se caractérise par la peur, la souffrance émotionnelle, la confusion, le stress post
traumatique, la détérioration de l’état de santé physique, la blessure physique, l’altération du
lien avec les proches, l’angoisse, l’isolement et la perte de confiance.
Depuis mardi, la ville de Nanterre est fortement impactée dans ses quartiers (Petit Nanterre,
Chemin de l’ile, Vieux Pont, Parc, Provinces Françaises/Terrasses).
Le jeudi 29 juin a eu lieu une marche blanche sur le territoire de Nanterre qui a dégénéré
en début d’après-midi, jusqu’au lendemain matin.
La veille et le matin même, des cadres de la ville, inquiets, ont interpellé leur hiérarchie pour
avoir des consignes et savoir s’ils devaient maintenir leurs structures ouvertes. Car dès le matin :
- A 4h du matin, des agents du CTG (service voirie) ont été pris à partie par des émeutiers lors de leurs interventions de nettoyage de la voirie sur l’avenue Pablo Picasso.
- A 5h du matin, une agente d’entretien du centre de santé du parc a reçu des jets de pierres, elle décrit une masse de monde aux abords de sa structure, des personnes masquées, des journalistes et un climat qui ne laisserait serein.e aucun.e travailleur.se. A 10h sa hiérarchie l’a informée que le site fermerait à 12h et qu’elle pourrait rentrer chez elle mais qu'elle devrait effectuer 3h30 supplémentaires vendredi soir pour combler sa journée de jeudi.
De fait, la collectivité avait déjà des éléments d’alerte permettant de prendre une décision
collective. Autant de signaux qui auraient pu alerter, laissant présager un climat
d’insécurité et des débordements possibles. Par anticipation, la fermeture des structures
municipales s’imposait.
Comment la collectivité, malgré les interpellations de la hiérarchie, a-t-elle pu laisser l’ouverture de sites fortement exposés, comme les crèches (Farandole, Champs aux Melles, Parc,
Souris Verte, Amitiés/Rosiers, Petit Navire, L’Ile au Trésor, Voltaire), les mairies de quartier (Parc,
Chemin de l’Ile, Petit Nanterre), les centres de loisirs (Gorki, Triolet, Fontenelles, Ludo parc,
Chemin de l’ile, Maison de l’enfance, Pâquerettes, La Fontaine, Lucie Aubrac, Makeba,
Casanova), les gymnases (Evariste Galois, Voltaire). D’autant plus que leurs fermetures
n’étaient qu’à 18h30 pour les crèches et centres de loisirs, 17h et 22h pour les gymnases.
Par ailleurs, les responsables de service n’ont reçu aucun protocole, aucun document,
aucune note leur dictant les règles ou consignes en cas d’intrusion, de violence sur le site,
d’atteinte à leur personne ou sur les usagers. Chaque Direction, service, cadre et agent, livrés
à eux-mêmes dans ce climat de désolation et d’anarchie ont répondu aux problématiques
individuellement. De leurs propres initiatives, des agents en rez-de-chaussée d’immeuble ont
confiné les lieux pour se protéger (verrouillage des fenêtres et des portes), fermer les portails,
se calfeutrer à l’intérieur.
Au vu de son immobilisme et de son indifférence, la collectivité n’a visiblement pas pris les mesures
nécessaires pour protéger son personnel. Elle a fait le choix de maintenir la continuité du
service public au cours de cette après-midi de désolation, alors qu’il y avait une mise en danger
flagrante du personnel.
Nous sommes allé.es à la rencontre de ces agent.es. Elles et ils nous ont fait part de leur
incompréhension, leur colère et leur consternation envers leur employeur qui n’a pas prévu, anticipé ni répondu à cette problématique de violences urbaines, et qui les a exposé.es à un danger grave et
imminent.
Des agent.es apeuré.es, choqué.es et traumatisé.es par ces violences, nous ont raconté des
tentatives d’intrusion et de dégradation sur leur structure, l’exposition aux odeurs de gaz
lacrymogène et fumées, les jets de pierres, les jets de projectiles, les tirs de mortiers (feux
d’artifices), les incendies et des personnes cagoulées faisant preuve de comportements
violents. Ce sont les usagers, les cadres, les agents et parfois des CRS qui ont protégé les
structures et les personnes occupant les lieux.
Enfin, d’après les premiers retours, la gestion d’après crise n’est guère meilleure puisque des agent.es
doivent entrer dans des locaux brûlés sans équipement, ni protection.
Cette violation de l'obligation particulière qui incombe à l’employeur, de prudence ou de sécurité prévue
par la loi, a conduit à l'exposition directe des agents à des risques graves. Face à cette
situation de travail explosive et un employeur sourd et négligent, le mal-être des personnels
a éclaté et aurait dû conduire les agents à utiliser le droit de retrait.
Il faut être irresponsable pour laisser les agents dans de telles conditions de travail. Nous
ne sommes plus dans un mode de travail dégradé, mais dans un mode de travail dangereux et
violent.
C’est une honte qu’une collectivité de plus de 100 000 habitants, avec 2600 agents permanents, n’ait pas pris en compte à minima la
prévention et les risques liés aux violences urbaines dans sa gestion de crise.
Nous invitons les personnels communaux impactés à déclarer une situation de travail
dégradée au service QUALITE DE VIE AU TRAVAIL de la ville.
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