Le point de vue de la section CGT Animation
Résumé des faits:
Avant même le début de la lutte actuelle, notre section qui regroupe des animateurs et directeurs de la CGT OE et UFICT de différents quartiers, était passée sur les structures avec l'objectif d'informer pour préparer la bataille contre l'augmentation du temps de travail (passage aux 1607H) et le RIFSEP (voir gazette n°1, janvier 2021). Nous voulions tisser des liens sur chaque centre pour être en mesure, le temps venu, de s'organiser par des mouvements de grève, d'assemblées et d'actions coordonnées à la DAE.
Dès le début du mouvement à l'appel de l'intersyndicale - que nous avons saluée car elle n'était pas gagnée d'avance, au vu du passif lié au CASC - nous avons relayé l'appel à la grève le mercredi 5 Mai (le premier et plus suivi de tous : 23 accueils fermés sur 34) et proposé une Assemblée Générale (AG) propre à la DAE aux autres OS.
Face à la forte mobilisation, le maire, avec un cran tactique d'avance, a proposé de recevoir l'intersyndicale à la même heure que notre AG prévue à 14H aux Bizis ! Nous avons dû avancer cette AG dans l'urgence à 12h00 tandis que l'intersyndicale a proposé de se rassembler sur le parvis à 14h00. Le reste de l'intersyndicale n'avait pas répondu favorablement à notre proposition d'assemblée propre à la DAE prétextant que nous tirions la couverture à nous.
Sans surprise le RDV avec le Maire n'aboutit à rien mis à part le fait qu'il y précisa sa volonté d'avoir une négociation spécifique concernant l'animation, du fait de notre temps de travail annuel particulier mais aussi de sa crainte de notre capacité à perturber un gros service.
Cela déboucha tout de même sur la volonté commune des collègues de relancer une véritable AG de la DAE, ou du moins des temps d'actions et de rencontre de l'animation.
C'est donc avec l'aval de l'intersyndicale que nous avons réussi à fixer la deuxième AG de la DAE le mercredi 11 Mai. Assemblée Générale durant laquelle nous avons envahi la réunion avec les coordinateurs jeunesse.
Lors de cette deuxième AG DAE, nous avons demandé à ce qu'il puisse y avoir un tour de parole mais peu de collègues sont intervenus. Notre section a alors proposé un concours de banderole entre centres et la fabrication de bombes de peinture rouge pour la manifestation à la préfecture prévue le 18 Mai, des débrayages de 55 minutes à 12H (très peu suivi) et de constituer un collectif DAE souhaité par la base des animateurs.
Le 18 Mai, le Maire a reçu l'intersyndicale à nouveau où il a notamment précisé la volonté d'ajouter un quatrième temps du midi aux animateurs. A la sortie de cette rencontre, les animateurs ont décidé de fixer une AG DAE le 1er Juin, après une nouvelle manifestation commune aux agents le 27 Mai. Des agents de chaque syndicat ont alors pris des mandats pour passer sur les centres ensemble et avertir les collègues de notre AG.
Cette troisième AG, pendant que les DAQ.A étaient reçus par le service, avait pour objectif de faire remonter les idées de contre scénarios et de réfléchir à nos modalités d'actions pour rendre plus efficaces notre mouvement et bien sûr de mener une petite visite à la réunion collective qui se tenait en présence des DG et DAQ.A.
Malheureusement, malgré la centaine d'animateurs présents, cette AG n'a pas été une réussite. Au manque d'écoute des collègues non habitués au fonctionnement d'une Assemblée s'est ajoutée une indiscipline grossière des cadres et dirigeants syndicaux présents qui monopolisèrent la parole, incapables de s'écouter et d'écouter les concernés. Mise à part un tour d'honneur dans la réunion des DAQ.A, l'AG n'a donc pas été capable d'acter de décisions sur quoi négocier ou sur de prochaines actions communes innovantes permettant de créer un rapport de force favorable.
Nous avions par exemple souhaité proposer de défiler en plus dans l'ensemble de la Mairie, ce à quoi les dirigeants UNSA principalement, ont coupé court. La seule chose que nous avions pu acter était d'appeler à un mercredi noir le 9 Juin 2021: chose utile mais insuffisante après 1 mois de grève car les mercredi coutent cher et il nous fallait trouver de nouvelles modalités d'actions plus efficaces et moins couteuses.
Le collectif intersyndical s'est de nouveau réuni le lundi 07 juin afin de repasser en intersyndicale sur les structures et d'appeler à ce mercredi noir. Entre temps l'intersyndicale générale de la ville a commencé à vaciller sur des désaccords tel que le rythme des AG (l'UNSA ne souhaitait plus en faire tous les jours, et la CGT OE et l'UNSA souhaitaient aller plus rapidement dans une négociation) alors que notre mouvement tentait de se renforcer à la DAE.
Le mercredi 9 juin (deuxième jour le plus mobilisé avec au moins 16 centres fermés) une AG des grévistes DAE s'est rassemblée sur le parvis en nombre restreint (surement lié au fiasco de la dernière AG et aux premières divisions). Elle a réussi à acter un groupe de travail intersyndical composé de syndiqués et de non syndiqués pour mettre en forme tout les contres-scénarios remontés par les équipes (fixé le lundi 14 juin).
C'est entre-temps que l'UNSA et la CGT OE ont publié un communiqué annonçant leur retrait de l'intersyndicale et leur volonté de négocier sans le reste de l'intersyndicale, en se considérant à eux deux "majoritaires et légitimes". Allant jusqu'à voter "POUR" le projet d'augmentation du temps de travail et le RIFSEEP lors du Comité Technique. Seule la CGT UFICT et FO ont voté CONTRE. La CFDT s'est abstenue.
Nous avons donc poursuivi avec la CGT UFICT, la CFDT et FO le travail de mise en forme des contres scénarios pour obtenir une consultation et négocier sur ce que préféraient réellement les agents. Ce travail a été plus long que prévu et n'a pu être envoyé sur les centres que le Mardi 22 Juin. Entre temps l'UNSA s'est accordé le droit de négocier ou plutôt d'accepter la proposition de la mairie de scénario à 4 temps du midi avec 35,5h /semaine basse et 38h semaine haute.
Analyse:
Comme précisé dans un mail envoyé sur les centres, notre section s'est immédiatement désolidarisée de la décision de la "direction" de la CGT OE de se retirer avec l'UNSA de l'intersyndicale sans concerter ses membres. Cela a été d'autant mal perçu dans notre section que nous avions lutté avec acharnement pour organiser ce collectif intersyndical DAE.
Précisions : Il y a deux CGT à Nanterre : CGT OE (employés) et UFICT (cadres), notre section animation est composée de syndiqués des deux CGT. Actuellement nous sommes majoritaires à penser que ce double syndicat nous divise et un processus d'unification est à l'oeuvre, surtout que la direction CGT OE actuelle ne respecte clairement pas la ligne et les principes de la CGT, ce qui explique l'affaiblissement de notre syndicat sur la ville.
Ce coup de poignard que nous avons clairement qualifié de trahison et de division volontaire (entériné par un communiqué UNSA à la DAE titré "contre les charognards des autres OS" qui visait apparemment particulièrement la CFDT) a démontré la vraie nature de l'UNSA et de la "direction" actuelle CGT OE.
Mais cela était-il prévisible? Pourquoi les agents se sont-ils si peu impliqués et avaient-ils le sentiment que c'était perdu d'avance?
Il faut revenir à certains fondamentaux : il fut un temps où la majorité des travailleurs étaient rassemblés dans la CGT. C'était l'âge d'or du syndicalisme en France où les victoires étaient fréquentes. Face à cette unité et à la proximité avec les idées communistes, des dirigeants ont constamment cherché à créer de nouveaux syndicats favorisant la division et la "négociation" sans rapport de force (tendance appelée "réformiste" - sans remise en cause du système) plutôt que la lutte de classe (qui considère scientifiquement que nos intérêts divergent avec ceux du pouvoir qui ont les moyens de tout décider et qu'une négociation ne peut vraiment avoir lieu qu'avec rapport de force).
- Il y a eu d'abord la scission réformiste CGT-FO (1947) soutenue financièrement par la CIA pour contrecarrer l'influence du PC.
- Puis la création de la CFDT en 1967 (ancienne CFTC) issue de l'Église sociale, qui devient laïque, est proche du PS de Mitterrand et valide ses réformes.
- Enfin l'UNSA (en 1993), qui regroupe des syndicats "autonomes" en affirmant son réformisme "raisonnable" dont la proximité avec les employeurs n'est plus à prouver.
Au-delà de ces vérités globales il peut arriver qu'au niveau local les frontières entre les syndicats de classe et de trahison ne soient pas totalement étanches.
Conclusion : A Nanterre c'est particulièrement le cas, et c'est ce qui explique que les agents ne croient pas en la victoire possible. La place du syndicalisme en général et de la CGT en particulier comme capable de faire valoir la volonté des agents est en recul, parce que c'est une vision du compromis, de la négociation loin des concernés qui domine.
Ainsi qu'une perte des valeurs et des "savoir-lutter" qui animait jadis le syndicalisme de classe: écouter ses syndiqués, mener l’enquête, organiser des Assemblées de lutte où l'on s'écoute, être implanté et prendre réellement en compte l'avis des agents, organiser un plan de bataille et de réelles actions et manifestations ayant un impact sur le travail quotidien des agents ! Tout cela a été remplacé par une facilité à accepter les rendez-vous sans avancées, à tout imposer depuis la direction du syndicat et à organiser des rassemblements folkoresques devant le parvis sans aucun impact pour les agents et les usagers s'y rendant !
En réalité depuis le début, une bonne partie des syndicats avaient l'intention d'accepter ces reculs en y souhaitant quelques aménagements à la marge, considérant comme nos élus "que c'est la loi"(il faut tout de même faire la différence entre "le syndicat" et ses membres). Les plus opportunistes ont alors fait cavaliers seuls pour négocier.
Leur pratique syndicale découle de cette vision défaitiste où l'objectif devient finalement le nombre de voix aux élections ou sa carrière personnelle. Il est honteux que des syndicats appellent les agents à faire grève pour ensuite accepter de signer sans concertation les mesures prises par le service!
C'est tout cela qui explique le recul du syndicalisme, de nos acquis et l'essor de mouvements de remplacement comme les gilets jaunes.
Le seul élément positif est que nous avons lutté ensemble et créé un collectif d'animateurs en dépassant les barrières syndicales et que nous avons tissé des liens que nous tenterons de faire perdurer dans l'intérêt des agents.
Pour notre part à la CGT nous avons également du travail à faire dans nos rangs pour retrouver un syndicalisme authentique regroupant largement nos collègues sur une base combative. Notre section souhaite aller dans ce sens!
Rejoins notre section CGT Animation !
Seule la lutte paie!
A bas l'aristocratie syndicale, ses divisions et ses trahisons !
Vive l'implication des agents dans des décisions démocratiques et des actions communes
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